ALPES

Parc des Ecrins, 2017

Parc des Ecrins, août 2016


Haute Bléone, octobre 2013

La montagne en automne


Alpes de Haute Provence, août 2013

Vue depuis la tête de l'Estrop (3000m)
Vue depuis la tête de l'Estrop (3000m)

Le métier de berger

1 semaine en estive avec Quentin (juillet 2012)

Mon frère Quentin est berger depuis 3 ans dans les Alpes. J’ai passé 1 semaine avec lui en altitude à la montagne du Puy (04) où il gère un troupeau de 1200 brebis en estive depuis le 15 juin.


L’estive est une période clé dans la campagne d’une exploitation ovine. Même en période de sécheresse, les brebis sont assurées de disposer sur les alpages d’une nourriture abondante. Un alpage est divisé en différents quartiers, correspondant à une utilisation logique de la ressource en herbe. L’herbe décale sa croissance dans le temps en fonction de l’altitude ou de l’exposition des versants. Ainsi elle ne parvient à maturité dans les zones les plus hautes et/ou les moins ensoleillées qu’à partir du mois d’août. Eleveurs et bergers distinguent donc un quartier de printemps (juin-juillet), un quartier d’été (juillet-août) et un quartier d’automne (septembre-octobre). Quentin a ainsi passé 3 semaines dans une première cabane dite « basse » avant de gagner la cabane dite « haute » (1850 m d’altitude) où je l’ai rejoins. Il regagnera la cabane basse pour l’automne.


Quentin a la responsabilité des brebis de 2 propriétaires. Celles-ci sont marquées à la peinture pour pouvoir être identifiées. Certaines, plus familières que les autres, sont équipées de sonnailles. Il existe plusieurs types de sonnailles, ce qui rend le troupeau particulièrement musical lorsqu'il se déplace. Les types Pico et Platello donnent des sons plutôt clairs, le type Redoun un son plus grave. Les brebis sont exploitées pour la laine (tonte en janvier-février) et pour la production d’agneaux à viande. Le troupeau est composé de 3 races rustiques ; mérinos, préalpes et mourerous.


L’image du berger faisant la sieste sur son bâton est désuète ! Le travail du berger ne consiste pas uniquement à une simple surveillance des bêtes. Le berger doit gérer la ressource en herbe de l’alpage afin que les bêtes aient à manger jusqu’en novembre. Tous les jours, il emmène les brebis se nourrir sur un secteur bien défini. Il doit s’acquitter des nombreuses tâches quotidiennes ; entretien des filets de protection, soins aux bêtes, vérification de l’approvisionnement en eau, entretien de la cabane…

La vie de berger est une vie de solitaire, simple et dure. Les cabanes n’apportent en général qu’un confort de vie sommaire et il doit composer avec les aléas de la météo, notamment avec de violents orages. La pression du loup apporte un stress supplémentaire. Pendant la semaine où j'étais présent, plusieurs attaques ont eu lieu sur les montagnes voisines.

1 fois par semaine Quentin est ravitaillé par son patron qui monte en pick-up. Un petit panneau solaire assure une maigre production en électricité. La douche se fait dehors, à l’eau de pluie. La nourriture est composée principalement de conserves. 1 poêle à bois permet de chauffer la cabane en automne.

Voici comment s’organise la journée d’un berger :


- Tôt le matin, les bêtes gagnent le secteur où elles passeront la journée pour se nourrir. Impatientes, elles se ruent vers les abreuvoirs à l’ouverture du parc.


- Entre midi et deux les bêtes chaument, c'est-à-dire qu’elles se reposent et en profitent pour ruminer. Formant une masse compacte, elles restent debout, immobiles, chacune mettant sa tête à l’ombre du corps de sa voisine.


- Ensuite elles retournent se nourrir, toujours sous la surveillance du berger qui, à l’aide de son ou ses chiens,  les rassemble en permanence.


- Le soir, peu avant la tombée de la nuit, elles se dirigent d’elles même vers le parc où elles passeront la nuit, près de la cabane du berger. Celui-ci leur distribue le sel, les compte, décèle et isole d’éventuels animaux malades ou blessés. A l’époque où il n’y avait plus de loups dans les Alpes, les bêtes passaient la nuit sur l’alpage, en « couchades libres ». Eleveurs et bergers ont du s’adapter et sont contraints de parquer leurs bêtes pour la nuit, avec des filets électro-plastifiés. Cela pose malheureusement de nombreux problèmes écologiques (pollutions dues à l’accumulation d’excréments), sanitaires (maladies telles que le piétin) et paysagers (sols mis à nu et érosion).


Malgré cela, le pastoralisme est reconnu pour son rôle important dans l’entretien ou la restauration de la biodiversité et des paysages en montagne. Le pâturage réduit les dynamiques d’embroussaillement et assure la pérennité de certaines espèces animales et végétales tout en limitant le risque d’avalanche.


3 jours avec Quentin dans le massif de l'Estrop (04)

Août 2011


Neige, décembre 2010