Aller à la rencontre des grands mammifères

Ma petite expérience

Les plus passionnés d'entre nous suivent les cerfs mâles au fil des ans
Les plus passionnés d'entre nous suivent les cerfs mâles au fil des ans

 

Les grands mammifères qui peuplent nos forêts – le cerf, le chevreuil et le sanglier – sont des sujets très prisés des photographes de nature. Il faut dire que ces animaux qui vivent dans un milieu qui a toujours fasciné l’Homme, la forêt, promettent toujours des rencontres riches en émotions.

 

Ces mammifères sont souvent réputés être des sujets difficiles. Il est vrai qu’ils sont très farouches et évoluent dans un environnement qui peut être compliqué à gérer pour le photographe. Pourtant si l’on s’en donne les moyens, si l’on apprend à connaître leurs mœurs et si l’on respecte un certain nombre de règles pour les approcher il est aisé de se faire plaisir et de vivre de grands moments.

 

Je vais ici parler de ma petite expérience, acquise sur le terrain, en forêt, depuis plusieurs années. J’ai la chance d’une part d’habiter dans une région particulièrement peuplée en grands animaux et d’autre part d’avoir beaucoup de temps pour effectuer des sorties. Je me suis élevé en forêt, mais je ne me suis mis à la photo que sur le tard, après avoir rencontré des photographes, qui sont depuis devenus des amis, qui m'ont donné envie de me lancer.

Je n’ai absolument pas la prétention de tout connaître, d’avoir tout vu. Dans la Nature on en apprend tous les jours. Simplement j’ai la chance de passer énormément de temps au contact des grands animaux et j’ai envie de partager mes connaissances.

 

Je ne parlerai pas de technique photo. D’autres seraient bien plus compétents que moi en la matière ! Je n’en resterai qu’à prodiguer quelques conseils pour aller à la rencontre de ces animaux qui me passionnent.

 

Mais avant cela, il me paraît important de rappeler quelques généralités sur les mœurs de ces animaux.

Brocard dont le pelage est en cours de mue au printemps
Brocard dont le pelage est en cours de mue au printemps

I) Les grands mammifères; connaissances de base

 

a)   Le Cerf

 

C'est notre plus grand mammifère français après l’ours brun. Un cerf mâle peut en effet peser plus de 200 kg.Le mâle est appelé cerf, la femelle biche, le jeune de 0 à 6 mois faon, le jeune mâle de 6 mois à 1 an hère et le mâle de 1 à 2 ans (qui porte ses premiers bois) daguet.

 

Le cerf porte des bois (et pas des cornes !!) qui tombent tous les ans de février à avril selon l’âge des individus. Les vieux cerfs perdent en premier. Un cerf décoiffé est appelé mulet. Il existe tout un vocabulaire lié aux bois des cervidés. Retenons simplement que la base des bois se prénomme meule, le corps principal le merrain et les différentes pointes les andouillers ou cors. Dans nos massifs, les plus beaux cerfs portent rarement plus de 14 ou 16 cors.

 

Mâles et femelles vivent en hardes séparées. Les biches vivent dans les grands massifs en hardes dirigées par une meneuse. Les cerfs vivent sur les territoires périphériques et les plus vieux sont volontiers solitaires. Il n’y a que pendant le brame que les deux sexes se retrouvent.

 

Le brame est la période de rut de l’espèce, qui se déroule en septembre-octobre. Les mâles, très territoriaux, émettent alors de puissants beuglements qui leur permettent d’affirmer leur présence aux concurrents. Contrairement à l’idée reçue, ce ne sont pas les biches qui vont vers les cerfs mais l’inverse puisque que ce sont les mâles qui effectuent une migration pour les rejoindre. Ce que l’on appelle couramment une place de brame n’est en réalité rien d’autre qu’une zone de gagnage prisée des biches. Le brame est très spectaculaire ; les vieux mâles d’ordinaire très discrets, se laissent facilement observer et débordent d’activité. Les combats entre rivaux de force égale sont fréquents. Les blessures ne sont pas rares, et il arrive que l’un des protagonistes (ou les deux) meure.

 

Les mises-bas ont lieu en mai-juin. La biche donne naissance à 1 faon, exceptionnellement 2. Dans les premières semaines celui-ci, qui peine à suivre sa mère en cas de danger, se couche dans la végétation et compte sur sa livrée tachetée et sa capacité de rétention d’odeur pour se camoufler. Il perdra sa livrée vers 2 mois.

Pendant ce temps, les cerfs refont leurs têtes. Retirés dans les territoires les plus tranquilles, ils passent beaucoup de temps dans les cultures qui leur offrent une nourriture riche et abondante. Les bois repoussent sous une peau appelée velours. Il faut environ 120 jours à un cerf adulte pour refaire complètement sa ramure, qui se développe à raison d’1 cm par jour ! Dès la mi-juillet, les cerfs se débarrassent des velours en se frottant aux arbustes. On dit qu’ils frayent. C’est la sève des essences utilisées qui colore les bois neufs.

 

Le cerf a principalement une activité nocturne. Mais sur des territoires calmes et peu fréquentés par l’Homme, il est également actif le jour. C’est le dérangement lié à l’Homme qui en a fait un animal nocturne. De même ces ancêtres étaient des animaux de plaine. C’est pourquoi aujourd’hui encore il gagne les zones ouvertes (prairies, cultures) pour s’alimenter, au grand dam des agriculteurs qui lui reprochent de causer des dégâts.

 

Le cerf est chassé en France de septembre à mars, à courre et à tir. Il est soumis au plan de chasse.

Cerf adulte, septembre 2012. Il faut 10 ans pour faire un cerf
Cerf adulte, septembre 2012. Il faut 10 ans pour faire un cerf

Un cerf peut vivre plus de 15 ans dans la nature mais avec la pression de chasse peu de cerf parviennent à atteindre 10 ans. C'est pourtant vers l'âge de 10-12 ans, en pleine force de l'âge, qu'ils sont les meilleurs reproducteurs.

 

 Il n'y a qu'avec l'expérience qu'on peut, par la corpulence, le port de tête et la ramure, estimer l'âge d'un animal.

 

Pour aller plus loin:

- Le Dernier Cerf, G. Jadoul, J.P Verhoeven, Le Perron, 1990

- Le Clan des Cerfs, J.P Verhoeven, Le Perron, 2003

- Regards de cerf, G. Jadoul, collectif, le Perron, 2009

- Les têtes bizardes du Cerf, A. François, l'auteur, 2012


b) Le Chevreuil

 

Le chevreuil est un sujet plus facile à aborder que le cerf, idéal pour s'initier à l'approche des grands mammifères. Premièrement, il est largement répandu en France. Tout le monde a au moins un coin à chevreuils près de chez soi! Et deuxièmement, on peut le trouver partout, aussi bien en forêt que dans les grandes plaines céréalières, en passant par le bocage, les zones humides...

 

Il est bien plus petit que le cerf. Les mâles, dénommés brocards, pèsent rarement plus de 30 kg. Ils portent des bois de petite taille, comptant rarement plus de 6 cors. La femelle est appelée chevrette.

 

Les bois tombent tous les ans au mois de novembre. La repousse, sous velours, se déroulera jusqu'au mois de mars. Comme le cerf, le brocard frotte ses bois à la végétation pour frayer. Le brocard refaisant sa tête en hiver, période difficile, les productions de têtes bizardes (trophées anormaux) sont plus fréquentes que chez le cerf.

Durant la mauvaise saison le chevreuil vit en hardes, mâles et femelles confondus. Les animaux communiquent entre eux en cas de danger par leurs miroirs, tâches blanches aux poils érectiles qu'ils possèdent à l'arrière-train.

 

Dès le printemps, les brocards deviennent agressifs envers leurs congénères et se délimitent un territoire en frottant leurs bois aux arbustes. Ces marques s'appellent frottis et sont facilement repérables sur le terrain. A partir du mois de juillet c'est le rut. Les brocards sont particulièrement nerveux à cette époque de l'année et se laissent observer en pleine journée, occupés à courtiser des femelles et à chasser des mâles intrus. Ils perdent une partie de leur méfiance et peuvent ainsi, s'ils ont un doute, approcher le photographe pour s'assurer qu'il ne s'agisse pas d'un concurrent éventuel.

Les combats ne sont pas rares et sont, tout autant que pour le cerf, d'une grande violence. Le chevreuil est polygame.

 

Le chevreuil en rut n'émet pas de brames. Les femelles réceptives émettent cependant un cri plaintif, bien connu des chasseurs allemands qui l'imitent pour appeler les mâles.

 

Les naissances ont lieu en mai. Pour que les jeunes viennent au monde à une époque clémente, la chevrette a la particularité d' effectuer une diapause embryonnaire. Le faon de chevreuil est bien plus petit que celui du cerf puisqu'il ne pèse qu'1 à 2 kg à la naissance. Les jumeaux sont fréquents.

La livrée tachetée permet au petit de se cacher dans les herbes.

 

Le chevreuil est chassable à tir et à courre, de septembre à février. Il existe une ouverture anticipée, pour les tirs de brocards uniquement, dès le mois de juin. L'espèce est soumise au plan de chasse.

 

Pour aller plus loin:

- Le Chevreuil, B. Boisaubert, J.M Boutin, Hatier, 1988

- Le Chevreuil, P. Carruette, P. Etienne, M. Mailler, Delachaux et Niestlé, 2004

- Les têtes bizardes du Chevreuil, A. François, l'auteur, 2008

Observation sympathique d'un chevrillard monté sur une souche
Observation sympathique d'un chevrillard monté sur une souche

3) Le sanglier

 

S'il est bien un animal mystérieux c'est le sanglier! Il est partout, labourant les bords des chemins, laissant ses traces près de l'eau, et pourtant on ne le voit que rarement. La journée, on peut passer dix fois à côté d'une compagnie couchée dans les fougères sans faire bouger les animaux, et à moins qu'une saute de vent n'amène leur odeur caractéristique de goudron, on ne se doutera même pas de leur présence. A la nuit, ils se mettront en activité. Il est rare de trouver les sangliers sur pied de jour, mais cela peut se produire sur des territoires où ils sont peu dérangés par la chasse.

 

On ne parle pas de hardes pour le sanglier mais de compagnies, formées par une ou quelques laies suivies de leurs jeunes.

Tout le monde connaît les marcassins, avec leur pijama rayé. Ils perdront bien vite leur livrée pour devenir bêtes rousses, puis par la suite bêtes de compagnie. La pression de chasse fait que l'espérance de vie du sanglier est très courte. Néanmoins certains animaux parviennent à vieillir quelques années, même si peu d'entre eux atteignent 5-6 ans.

Les mâles sont appelés solitaires. Ils peuvent peser jusqu'à 150 kg (voire plus) et portent des défenses dont la longueur dépend de l'âge de l'animal. Ces défenses s'affûtent sur les grès, situés sur la mâchoire supérieure.
Ces gros mâles vivent en solitaire comme leur nom l'indique et sont de véritables fantômes. Ils se rapprochent des femelles pendant le rut, au cœur de l'hiver. 

Le sanglier peut se reproduire deux fois dans l'année, lorsque la nourriture à disposition des laies est abondante. Si les naissances habituelles se produisent au printemps, des naissances tardives peuvent donc également avoir lieu en hiver à une période qui n'est guère favorable pour les marcassins. Cependant, la prolificité du sanglier ne doit pas non plus être exagérée! Une laie possède 10 allaites, et elle produit en moyenne 5-6 jeunes par portée.

Les jeunes viennent au monde dans le chaudron, nid confectionné par la femelle qui maintient les petits au chaud et à l'abri du vent.

 

Le sanglier est omnivore. Il consomme énormément de fruits forestiers (glands) et de vers. Mais il est connu pour les dégâts qu'il commet dans les cultures de céréales, et notamment dans le mais. Il peut aussi se nourrir d’œufs, de micromammifères et de charognes.

 

Le sanglier est un gibier qui déchaine les passions. Il est surtout chassé en battue. Certains territoires sont véritablement aménagés pour lui être favorables. Les pratiques des chasseurs (nourrissage, protection des femelles, lâchers...) associées à l'extension de la culture du mais, ont conduit à une population surabondante, avec les problèmes de dégâts qui y sont liés. A tel point que le sanglier est classé nuisible dans certains départements. Partout, la pression de chasse a du être renforcée.

Il peut quasiment être chassé toute l'année en France...

 

Pour aller plus loin:

- Le Sanglier, J.L Bouldoire, J. Vassant, Hatier, 1992

- Le Sanglier, P. Etienne, Delachaux et Niestlé, 2003

- Le Sanglier, F. Magnien, Gerfaut, 2010

 


II) Le matériel

La lumière manque en sous-bois, le photographe est donc souvent amené à travailler en basses vitesses.
La lumière manque en sous-bois, le photographe est donc souvent amené à travailler en basses vitesses.

1) Le matériel photo

 

La photo des grands mammifères est contraignante. D'une part parce que ces animaux sont actifs principalement aux extrémités du jour et d'autre part parce que la lumière se fait parfois désirer en sous-bois. Or la lumière étant la base en photo, il est évident que les photographes possédant un matériel adapté, autrement dit haut de gamme, seront favorisés par rapport à ceux limités par un matériel moins efficace. Ces derniers arriveront toujours à faire des clichés s'ils sont patients, mais ils auront moins d'opportunités de concrétiser photographiquement parlant, d'où un sentiment de frustration. Ceci parce qu'ils ne pourront tout simplement pas gérer des conditions difficiles à cause des performances limitées de leur matériel.

 

  • La quête permanente de lumière

 

Alors quel est le matériel idéal pour les grands mammifères?

- Un boîtier qui permet de travailler à des résolutions élevées (méga pixels), capable de monter dans les hautes sensibilités (isos) et pourvu d'un autofocus rapide et performant. Le bruit au déclenchement est aussi un critère à ne pas négliger, les boîtiers sont de plus en plus silencieux même si des progrès restent à faire.

- Un objectif  pourvu d'une ouverture importante (f;4 ou mieux encore f;2,8) qui facilite les prises de vue en basse lumière.

Il existe deux types d'objectifs: les fixes et les zooms.

Les fixes, type 300 f;2,8 ou 500 f;4 par exemple, sont des optiques de grande qualité susceptibles de produire des images très piquées. Ils supportent bien les multiplicateurs. Mais ils sont très coûteux et peuvent être handicapants dans la mesure où on ne peut pas vraiment adapter son cadrage à la proximité avec le sujet.

300 mm me paraît largement suffisant pour les grands mammifères. Avec un peu de travail et de patience il est assez facile d'avoir des proximités intéressantes. Si le 300 f;2,8 est assez lourd, le 300 f;4 sait se faire oublier et permet ainsi de pratiquer la billebaude. 500 mm permet de shooter des animaux plus éloignés mais le poids du matériel est conséquent. A réserver plutôt pour l'affût donc.

Les zooms sont plus abordables et, polyvalents, permettent de s'adapter à un grand nombre de situations et de varier les cadrages. Il suffit simplement de zoomer et dézoomer. Mais ils sont moins lumineux. Pour exemple nous pouvons citer le fameux 100-400 mm de chez Canon, un zoom largement utilisé par les photographes animaliers.

 

  • L'apprentissage

 

Je ne parlerai pas de technique. D'autres seraient bien plus à même d'en parler! Je dirai simplement que la photo ça ne s'improvise pas. La pratique de la photo, ça s'apprend: dans les livres, avec un ami photographe mais aussi et surtout sur le terrain. Qu'on le veuille ou non la photo c'est une part importante de technique. Et je ne parle même pas de tout ce qui a trait au post-traitement où là c'est encore un autre monde...

La pratique de la photo ne peut pas se résumer au seul fait d'appuyer sur un bouton! Il n'y a aucun intérêt à rester bêtement en mode automatique. Il faut prendre le temps de maitriser son matériel, d'acquérir les notions de base, sans chercher à brûler les étapes.  Le numérique facilite grandement les choses et permet incontestablement de gagner du temps dans l'apprentissage.

 

Une photo réussie est le fruit d'un ensemble de paramètres bien gérés. Et ces paramètres, disons-le franchement il n'y en a pas 50.

Les voici:

- ISOS

- Couple vitesse/diaphragme

- Exposition

- Balance des blancs

 

Ce sont les réglages essentiels, ceux qui sont déterminants et qui doivent être assimilés. A partir de là on peut faire des photos dans toutes les conditions et dans les limites bien sûr de son matériel. Avec l'expérience et quand on a son boîtier bien en main, faire tous ces réglages devient automatique et ne prend que quelques secondes.

 

2) Trépied et monopode

 

Même si la stabilisation de certains objectifs est très performante, il est important, pour éviter les flous de bougé, de bien stabiliser son matériel. Le trépied est le moyen le plus efficace pour y parvenir. On en trouve en carbone, qui sont légers et donc moins pénibles à transporter, mais leur prix est en conséquence...

Cependant, le trépied ne peut être utilisé qu'en affût. J'imagine le photographe en billebaude qui croise une biche au hasard d'un layon. Il faudra qu'on m'explique comment il peut poser son matériel et déplier les pieds de manière discrète pour peu qu'il y ait un peu de végétation autour. Sans parler de la gestuelle nécessaire, qui transforme le photographe en véritable épouvantail!

A mon sens, l'idéal, c'est le monopode. Je ne pourrai plus m'en passer et je ne fais jamais de photos à main levée. Certes, le monopode garantit moins de stabilité qu'un trépied. Mais il est beaucoup moins encombrant, permet de réagir très vite et avec un peu d'habitude il est tout à fait possible de faire des photos nettes à des vitesses très basses. Les sections de certains modèles coulissent simplement en pressant une poignée ce qui permet par exemple de baisser immédiatement son matériel si l'on est amené à s'agenouiller.

 

3) Le matériel de camouflage

 

  • Camouflage intégral

 

Le photographe, nous le verrons plus loin, doit se fondre dans le milieu qui l'entoure, pour échapper aux sens très développés des grands animaux. Même si leur vue est limitée, il est primordial d'avoir un camouflage parfait, ce qui permet d'avoir de grosses proximités. Toutes les parties du corps doivent être camouflées, y compris le visage, les bras et les mains.

Cela impose de porter une cagoule et des gants.

 

On trouve dans les boutiques de chasse et les surplus militaires, toutes sortes de tenues de camouflage, aux motifs et coloris variés. L'important est que ces vêtements soient silencieux. Les matières style k-way sont donc à bannir. Peu importe les motifs! Il faut juste que ceux-ci "cassent" efficacement la forme humaine que les animaux sauvages connaissent si bien. Les tenues kaki, unies, sont loin d'être les plus efficaces: en effet elles ne "cassent" pas la forme humaine. Les animaux ne distinguent pas les couleurs mais ils voient parfaitement la forme du corps qui se dessine, même sur un fond de végétation. D'où la nécessité des motifs camouflés. Ensuite ce n'est que de l'esthétique, à chacun de faire ses choix. On trouve même des tenues neige (noires et blanches) et des tenues "écorce" pour se plaquer le long de troncs d'arbres. Les boutiques d'archerie proposent de nombreuses tenues de ce type.

 

  • La ghillie; le must

 

Les tenues reconnues comme étant les plus efficaces sont les tenues 3d et les ghillies. Personnellement j'ai souvent été époustouflé par la ghillie. Bien immobile et sur fond de végétation, même debout, les animaux vous balayent du regard mais ne vous voient pas! Le must pour la billebaude ou pour s'improviser un affût express. La ghillie possède tout de même quelques inconvénients. Elle est inutilisable pour peu qu'on doive évoluer dans la végétation. Quelques fougères, une branchette, une ronce en travers du layon et on s'accroche, ce qui en plus d'être rageant est très bruyant. Cette tenue reste fragile et les brins  de camouflage ont tendance à s'arracher rapidement en cas d'accrochages répétés. Autre inconvénient: en été, sous la ghillie, la chaleur devient vite étouffante.

Mais je le répète cette tenue est vraiment à mon sens ce qui se fait de plus efficace.

 

Il est utile de posséder quelques filets de camouflage. Il ne faut pas hésiter à les choisir de bonne qualité. Imputrescibles, et solides ils dureront longtemps. Il faut veiller également à ce qu'ils soient silencieux.

 

Un autre accessoire me paraît indispensable: le gaffer. Il s'agit d'un scotch étirable, ne laissant pas de traces et pouvant être enlevé et réutilisé plusieurs fois. Les rouleaux fabriqués pour l'armée sont de très bonne facture. Même sous les intempéries, ce scotch tient très bien et est d'une durabilité incroyable.

Très pratique, on peut l'utiliser par exemple pour camoufler et protéger un objectif.

 

La ghillie est certainement ce qui se fait de mieux pour les photographes animaliers.
La ghillie est certainement ce qui se fait de mieux pour les photographes animaliers.
Compagnie de sangliers à la souille
Compagnie de sangliers à la souille

4) Les pièges photographiques

 

Ces appareils, dont les performances ne cessent de s'améliorer, sont de plus en plus utilisés par les chasseurs et les naturalistes. Placés à proximité d'une zone de gagnage, d'une souille ou d'une coulée ils permettent, à toute heure du jour et de la nuit, d'observer les animaux sans les déranger.

On peut citer le Trophy cam de Bushnell, très fiable, qui permet d'effectuer aussi bien des photos que des vidéos.

 

Ces appareils sont loin d'être indispensables au photographe animalier. Ils ne peuvent pas remplacer un solide travail de repérage sur le terrain mais apportent toutefois des informations complémentaires, notamment sur les horaires de passage des animaux.

 

Des dispositifs sont vendus dans le commerce pour les protéger des actes malveillants (casse, vol...)

 

 

Biches à la souille, prises en période de brame avec le Trophy Cam de Bushnell
Biches à la souille, prises en période de brame avec le Trophy Cam de Bushnell

III) La billebaude et l'affût

Rentrons dans le vif du sujet: comment observer et photographier les grands animaux de nos forêts?

 

Je vais présenter quelques règles de base et deux méthodes: la billebaude, appelée également approche, et l'affût.

 

Mais avant d'aller au-devant de ces animaux, il y a un important travail de repérage.

On peut toujours profiter du spot d'un ami, ce qui constitue le choix de la facilité en quelque sorte...Mais le vrai plaisir est de se dénicher ses coins soi-même. Et souvent ils sont tout près de chez soi.

 

Personnellement j'ai passé un temps fou à faire des sorties de repérages sur différents territoires et il m'a fallu plusieurs années (et bien des déceptions) pour apprendre à bien cerner la manière dont les animaux exploitent ces territoires.

A présent j'ai plusieurs coins où je vais régulièrement et même si je ne ramène pas toujours des photos au moins je vois à quasiment chaque sortie des animaux. Les bredouilles restent rares: c'est le fruit de toutes ces années passées sur le terrain.

 

1) Les repérages

 

Voilà une étape qu'il ne faut pas négliger. Il est illusoire de ne compter que sur des coups de chance pour tomber sur des animaux. C'est pourquoi une phase de repérage est indispensable, pour apprendre à connaître le terrain et les habitudes des animaux.

  • Les cartes

Si l'on ne connaît absolument pas le territoire, il faut commencer par repérer les endroits potentiellement intéressants à l'aide de cartes IGN et de photos aériennes. Personnellement, j'utilise beaucoup Geoportail. L'observateur doit situer des points stratégiques sur lesquels il ira effectuer ses repérages sur le terrain. Il peut s'agir d'une lisière, de points d'eau, de parcelles cultivées...

Il doit également tenir compte des accès qui lui permettront d'évoluer librement sans provoquer de conflits avec des propriétaires ou leurs gardes. Je pense notamment aux chemins communaux.

  • Le terrain

Sur le terrain, le but est de rechercher des indices de présence. Mais le but n'est pas de faire courir les animaux. Inutile de retourner la forêt. Il suffit d'arpenter les lisières et les sentiers et d'aller jeter un coup d’œil dans les champs pour se faire une idée de la fréquentation du secteur.

L'objectif est aussi de comprendre comment les animaux exploitent la zone. En principe, et excepté pour le chevreuil, les grands animaux évoluent entre une zone de remise qu'ils occupent la journée et une zone de gagnage où ils s'alimentent.  Lors de leurs déplacements ils empruntent des coulées. Le photographe doit donc repérer les coulées les plus fréquentées.

 

Si ces repérages sont faits sérieusement, on possède rapidement un très bon aperçu de son terrain. On sait où aller en priorité en fonction de ce qu'on cherche. Reste à observer les animaux, pour cerner leurs habitudes. Quelques sorties doivent être effectuées à l'aide de jumelles aux extrémités du jour. Les animaux sont observés "de loin", sans tentatives d'approche, pour ne pas prendre le risque de les faire fuir.

  • Les "tuyaux"

Il ne faut pas hésiter à aller au contact des locaux. Promeneurs habitués aux lieux ou encore chasseurs, ils peuvent fournir des infos précieuses. Certaines personnes peuvent être, ce qui se comprend, réticentes à donner des tuyaux. Si l'on se présente convenablement, en précisant bien que le but n'est pas de déranger la faune, il n'y a pas de raisons que les gens restent fermés.

En forêt publique, aller à la rencontre des agents de l'ONF peut être riche d'enseignement car ils connaissent la forêt par cœur et peuvent indiquer les jours de chasse. Mais là encore il faut être diplomate leur faire comprendre que l'on est bien intentionné.

 

 Il est tout à fait possible d'obtenir des autorisations, de la part de propriétaires, pour aller sur des territoires privés. Aller dans le privé garantit plus de tranquillité que dans les forêts publiques et certaines propriétés sont si peu chassées quelles jouent le rôle de réserves. Il faut en profiter! Mais avec le respect dû au propriétaire. La moindre des choses est de le prévenir quand on effectue une sortie et de partager avec lui les photos réalisées. Il faudra également s'engager à rester discret afin de n'inciter personne à rentrer dans la propriété. Si certains propriétaires refusent d'avoir des photographes chez eux c'est parce qu’ils n'ont pas confiance et craignent des abus. Les photographes n'ont pas toujours une bonne image.

 

2) Les règles de base

 

Il y a un certain nombre de règles qu'il faut toujours garder à l'esprit:

 

  •  Être à bon vent est primordial! L'odorat est le sens le plus développé chez les grands animaux. Ils peuvent douter de tous leurs sens, sauf de leur nez! L'odeur humaine est directement assimilée au danger et la fuite est certaine. Il existe sur le marché toutes sortes de produits qualifiés d'"anti-odeur", même des savons et shampooings (!). Cela plaît aux américains mais je pense sincèrement que ces produits restent des gadgets.

Le photographe doit régulièrement prendre le vent pour ne pas se faire piéger. Une poire remplie de poudre fine permet très rapidement de voir la direction du vent.

  • Être bien camouflé (nous l'avons vu précédemment) pour se fondre dans le milieu.
  • Être silencieux. Il faut préciser que ce ne sont pas forcément les bruits "naturels" (craquements de branches, crissements de feuilles...) qui alertent les animaux puisqu'ils font partie de leur environnement habituel. En revanche les bruits "étrangers" comme des clés qui s'entrechoquent dans la poche, un vêtement qui frotte contre la végétation ou pire encore un téléphone qui sonne mettent immédiatement les animaux en éveil et ils resteront vigilants un long moment.
    Le bruit au déclenchement est un vrai problème avec les mammifères qui le repèrent facilement, même à plusieurs dizaines de mètres. Cependant, curieusement tous les animaux ne réagissent pas de la même façon. Certains prendront rapidement la fuite tandis que d'autres seront très tolérants. Le nombre et la fréquence des déclenchements dépend donc des réactions de l'animal.
  • Éviter les gestes brusques. La vue des animaux est médiocre mais ils perçoivent très bien les mouvements.
  • Éviter dans la mesure du possible d'être debout
  • Éviter de causer du dérangement.

Il me paraît important de faire un petit aparté à ce sujet.  La question du dérangement fait souvent débat chez les photographes animaliers.  A croire que certains ne perturbent jamais les animaux et n'ont jamais causé une fuite. Des surhommes! J'aimerai connaître leur secret! N'ont-ils pas d'odeurs?! Marchent-ils pieds nus en sous-bois?!

 

Soyons honnêtes: il arrive à tous de causer des fuites. Et je le dis: ceux qui affirment ne jamais déranger sont des menteurs. Les animaux ont des sens largement supérieurs aux nôtres. Parfois les animaux s'enfuient sans raisons apparentes alors même que toutes les conditions étaient réunies en faveur du photographe. Je reste persuadé qu'ils possèdent une sorte de 6eme sens, leur permettant de ressentir une présence anormale autour d'eux.

Donc, je pense qu'il y a des dérangements qui sont malheureusement inévitables: un animal très proche qui entend le déclenchement, une harde qui s'enfuit sur le chemin du retour à la voiture etc.

 

Mais certaines sources de dérangement sont parfaitement évitables et nous devons toujours œuvrer en faisant tout pour éviter de perturber les animaux. Cela implique de ne pas tenter une approche si elle est vouée à l'échec, comme en plein découvert par exemple ou sur un sol très sale. Cela implique de ne pas traverser les remises, où l'on sait que faire des photos n'y sera de toute façon pas possible à cause de la végétation... Cela implique aussi de ne pas implanter un affût au cœur d'un gagnage d'où il ne sera pas possible de d'extirper une fois les animaux sortis. S'installer sur une prairie c'est très bien mais une fois les biches sorties comment faire pour rentrer à la voiture?! Il faut y penser avant de se mettre à l'affût.

L'envie de faire une photo ne doit pas occulter la tranquillité de l'animal. En sachant qu'une bonne séquence d'observation, d'un animal calme et serein, vaut tout autant qu'une bonne photo.

Les animaux sont déjà suffisamment perturbés par la chasse et la présence humaine permanente en forêt, parfois anarchique dans les forêts publiques. Les photographes ne sont pas là pour leur apporter un stress supplémentaire.

 

Alors on va me dire :"oui mais la chasse dérange bien plus que les naturalistes!"

Pas forcément. Ce sont deux formes différentes de dérangements mais l'impact sera exactement le même: la peur, la fuite éperdue.  La chasse est bruyante, les animaux s'habituent aux aboiements des chiens et au manège des 4x4 dans les chemins. Le photographe est, en principe, discret et silencieux. De fait, il surprend les animaux qui n'avaient pas deviné sa présence avant de tomber subitement sur lui au détour d'un layon. Un dérangement sournois donc.

Attention: je ne dis pas que la chasse ne dérange pas.  Mais il faudrait que certains reconnaissent que photographes et autres usagers de la forêt ont aussi un impact.

Bon certes, la chasse tue, pas le photographe...

 

Animaux cachés dans la végétation

Un regard affûté permet de repérer facilement les animaux, qui savent se fondre dans le milieu. Le fait est que les gens ne savent plus regarder autour d'eux...
Un regard affûté permet de repérer facilement les animaux, qui savent se fondre dans le milieu. Le fait est que les gens ne savent plus regarder autour d'eux...
Biche dans les fougères
Biche dans les fougères
Souvent, les bois des cerfs qui dépassent de la végétation trahissent leur présence
Souvent, les bois des cerfs qui dépassent de la végétation trahissent leur présence

Rencontres au hasard de la billebaude...
Rencontres au hasard de la billebaude...

3) La billebaude

 

Certains voudraient mon exécution en place publique pour oser parler ici de la billebaude! Eh oui la billebaude n'a pas bonne presse dans le milieu des photographes nature.  Mais qu'importe!

 

La billebaude est aussi appelée approche. Mais je préfère ce terme de billebaude.

A la billebaude, on se déplace. Le photographe arpente, tranquillement, un secteur que, bien entendu, il a appris à connaître. Il va à la rencontre des animaux et tentera de saisir les occasions qui se présenteront. Cela à un charme. Sortir sans trop savoir les espèces que l'on va croiser et comment on immortalisera ces moments... De plus, les chances de croiser des animaux sont importantes. Mais il ne s'agit pas non plus de couvrir des surfaces énormes, de "ratisser" du terrain! Au contraire! Le photographe doit de déplacer lentement, à pas de loup. Il doit être vigilant à tout ce qui se passe autour de lui. Les jumelles sont indispensables. Sans quoi il se fera surprendre, inéluctablement.

 

J'insiste mais la connaissance du terrain est ici primordiale. Cela permettra au photographe d'anticiper. S'il aperçoit une harde qui se déplace en sous-bois, il saura sur quel layon aller les attendre un peu plus loin.

 

La billebaude nécessite des sentiers propres. Elle ne peut être pratiquée sur des sols trop sales. Un sol légèrement humide est idéal. En revanche les sols gelés, qui craquent sous le pas, sont à éviter.

J'aime beaucoup sortir sous la pluie. Même si ça n'est pas forcément la météo la plus agréable pour se rendre en forêt, j'ai constaté que les animaux, trempés et perturbés par le bruit des gouttes, sont plus faciles à approcher. Il faut veiller à protéger son matériel de l'eau.  Il existe des housses imperméables dans les boutiques spécialisées mais on se demande bien pourquoi elles sont si onéreuses... Le simple sac plastique (déjà vu...) est à éviter. Dans le genre discret on fait mieux.

 

On parle d'approche mais bien souvent ce sont les animaux qui approchent le photographe à leur insu. Plutôt que de tenter de se rapprocher des animaux, avec le risque énorme de se faire repérer, mieux vaut se placer et attendre qu'ils viennent d'eux mêmes. Parfois il faudra être d'une grande patience, et rester immobile malgré les crampes. Et souvent ces efforts seront vains car les animaux se seront dirigés à l'opposé du photographe... Mais cela fait partie du jeu!  C'est cela aussi, le plaisir de pratiquer la billebaude.  

 

 La billebaude exige cependant une bonne expérience. Car pratiquée n'importe comment elle est source importante de dérangement. Je conseille également d'emprunter toujours les mêmes sentiers. Ainsi les animaux finissent par s'habituer à sentir l'odeur humaine à proximité de ces passages.

 

En plus de sa connaissance du terrain et des animaux, le photographe doit savoir garder son calme et ne pas céder à l'excitation de la rencontre, qui lui ferait perdre une partie de ses moyens et qui lui ferait commettre une erreur susceptible de trahir sa présence. Cela n'est pas anodin! Les américains parlent de la "buck fever", la "fièvre du cerf": mélange d'excitation et de stress qui fait trembler et fait perdre ses moyens au chasseur qui croise son gibier. Un phénomène courant chez le photographe débutant, qui finit par s'estomper avec l'expérience.

La billebaude permet de croiser des espèces très discrètes, comme ce putois.
La billebaude permet de croiser des espèces très discrètes, comme ce putois.

L'affût permet une grande proximité avec les animaux.
L'affût permet une grande proximité avec les animaux.

4) L'affût

 

L'affût consiste à se poster à un point stratégique pour attendre l'arrivée des animaux. C'est de loin la méthode la plus efficace pour avoir de grosses proximités, avec des animaux parfaitement sereins. L'affût permet donc d'observer des comportements inédits, tout en réalisant de bonnes séries de photos.

Beaucoup de photographes prônent l'utilisation de cette technique pour éviter le dérangement. Même si cela est incontestable, il ne faut pas perdre de vue qu'un affût mal placé et mal exploité peut se révéler aussi désastreux qu'une tentative d'approche loupée.

 

Un affût bien pensé doit permettre au photographe d'arriver et de s'extirper sans être repéré par les animaux. C'est pour ces raisons que je préfère implanter ce que je nomme des affûts au passage plutôt que des affûts au gagnage. Devant un affût de passage, l'animal dans ses déplacements ne stationnera que durant un court laps de temps, ce qui évite au photographe de se retrouver coincer dans l'affût. Alors que devant un affût de gagnage, les animaux s’installent pour se nourrir, pour un temps indéterminé.

 

Pour un affût, rien ne doit être laissé au hasard. Le photographe doit tout calculer s'il veut réaliser de bons clichés.

Cela l'oblige parfois même à faire un peu de nettoyage autour de l'affût pour éliminer les branches ou les herbes gênantes, et à s'aménager un petit sentier propre où il pourra se déplacer silencieusement. Mais évidemment pas question d'artificialiser le milieu! Ce nettoyage doit rester raisonnable et l'affût doit parfaitement s'intégrer dans le paysage.

 

Il existe différents moyens de se mettre en affût.

On trouve par exemple dans les boutiques spécialisées des tentes-affût, plus ou moins onéreuses. Mais ces tentes ne peuvent être utilisables que dans des propriétés privées où la pénétration humaine est limitée, autrement le risque de se les faire voler est trop important. Ces tentes doivent être laissées en permanence sur le terrain afin que les animaux s'y habituent.

 

Je suis plutôt adepte de la simplicité et je me confectionne des affûts grâce à la végétation environnante. Quelques troncs, quelques branches et fougères (avec éventuellement un ou deux filets de camouflage) et le tour est joué.

 

On peut aussi quitter le plancher des vaches. J'ai déjà obtenu de superbes proximités en me perchant en hauteur, les animaux n'ayant pas le réflexe de regarder au-dessus de leur tête. Il m'est déjà arrivé que des sangliers et même un renard me passent sous les pieds.

Le seul inconvénient est la plongée qui en résulte sur les photos. Il faut donc éviter de se percher trop haut.

 

Sur certains territoires sont implantés des miradors de battue. Si on en a l'opportunité il ne faut pas hésiter à les utiliser car les animaux, habitués à leur présence, les tolèrent parfaitement.

 

Il existe donc de nombreux moyens de se mettre en affût. A chacun de choisir en fonction du terrain et de son attente... En sachant que quelque soit la méthode utilisée, les règles à respecter sont les mêmes. L'affût peut être une méthode très payante et source de nombreuses émotions mais elle nécessite de la rigueur, de la patience et du travail. Il faut savoir accepter les bredouilles et ne pas les considérer comme des échecs. Si l'affût est logiquement implanté, la patience finira pas payer.

Grand cerf pris à 120 mm, d'un affût perché.
Grand cerf pris à 120 mm, d'un affût perché.

III) Expérience de terrain

Le brame... La fin du calme chez les cerfs mais aussi la fin du calme en forêt avec la reprise la chasse et le retour de la foule...
Le brame: la fin du calme chez les cerfs mais aussi la fin du calme en forêt avec la reprise la chasse et le retour de la foule...

1) Photographier le Cerf

 

  • Le Brame

 

Un grand nombre de photographes s'intéressent au cerf uniquement pendant la période du brame, évènement particulièrement spectaculaire et médiatisé.

Le brame permet en effet d'avoir facilement de bonnes opportunités photographiques, avec des cerfs très actifs et aisément localisables. Cependant, cette époque du rut draine une foule parfois envahissante en forêt, au point que les passionnés doivent se contenter d'observations aux extrémités du jour, d'animaux stressés car dérangés en permanence.
 Faisant mon brame depuis plusieurs années en forêt domaniale, j'ai personnellement fait le choix de fuir les zones les plus fréquentées par les bipèdes pour gagner des secteurs où il y a moins d'animaux mais où la tranquillité est assurée. Il n'est pas nécessaire d'avoir des animaux en grand nombre pour faire des photos, un ou deux affûts bien placés permettent d'avoir de bonnes opportunités.

Je n'ai guère de conseils à donner à propos du brame, tout ayant déjà été dit dans les revues spécialisées...

Cependant:

- Il ne faut pas hésiter pendant le pic du brame -20-30 septembre- à sortir en pleine journée. Les cerfs, perdant une partie de leur méfiance, bougent à toute heure.

- Attention aux biches! On a tendance à trop se focaliser sur les cerfs mâles en oubliant les biches qui ne sont pourtant jamais bien loin. Si l'on veut entreprendre de se déplacer par exemple lorsque l'on a repéré un cerf, il faut s'assurer qu'il n'y a pas de biche, cachée dans la végétation, susceptible de donner l'alerte.

De même si on observe des biches en déplacement, il faut savoir que le cerf se trouve en principe en queue de la harde.

- La discrétion n'est pas valable que pour les animaux sauvages... Je ne peux qu’appeler les photographes à rester discrets et prudents envers les autres "bipèdes". Tout le monde n'est pas armé de bonnes intentions. Autrement dit: éviter de divulguer les spots de brame à n'importe qui et accéder aux parcelles à l'abri des regards, quitte à garer la voiture un peu plus loin. Les grands animaux ne s'en porteront que mieux.

Attention aux publications sur internet également, largement accessibles. Le cadre d'une photo peut suffire à identifier le lieu de prise de vue.

 

  • L'hiver

 

L'hiver est une saison compliquée, aussi bien pour les photographes que pour les animaux, dérangés en permanence par les battues. Se déplaçant sans cesse, les animaux se retirent dans les parcelles les plus sales et sont parfois difficiles à localiser. Les rencontres sont donc plus aléatoires. Un affût sera intéressant pendant une semaine puis sera soudainement beaucoup moins productif puisque les animaux auront changé de secteur. L'idéal est d'avoir des affûts sur plusieurs secteurs afin de pouvoir s'adapter à ces conditions, tout en se tenant régulièrement informé des secteurs chassés.

Il peut y avoir cependant de belles opportunités, comme par temps de neige.

Les journées très froides mais ensoleillées offrent également des opportunités car les animaux vont en profiter pour prendre le soleil et chercher de la nourriture.

 

En fin d'hiver, les cerfs perdent leurs bois. Sur une propriété privée tranquille il est possible avec de la persévérance de faire des clichés de cerfs mulets (décoiffés). Mais la recherche des mues, si intéressante soit-elle, les pousse à se déplacer en permanence.

 

 

  • L'été

 

Un soir de juin. L’attente. Dans les bosquets quelques rossignols chantent. Avec la fraîcheur qui tombe, dans le champ de blé, une caille répète inlassablement son « paye tes dettes » caractéristique. Deux lièvres font une course poursuite sur la bordure du champ. Et soudain deux bois émergent au-dessus de la culture, faisant la girouette. On a beau avoir eu cette vision de nombreuses fois, elle reste toujours magique. Il a passé la journée couché là, paisible, en totale discrétion. Va-t-il se lever tant qu’il y a de la lumière ou attendra t’il la nuit ?

 

Même si le brame est un rendez-vous incontournable pour tout passionné, j'avoue préférer l'été, époque à laquelle les cerfs sont en refaits. A cette période de l'année, les animaux sont tranquilles et les belles soirées d'été passées en affût sont des plus plaisantes.

 

 Les cerfs mâles vivent éloignés des grands massifs et coulent une existence paisible dans les boqueteaux, à proximité des cultures. Ils vivent alors sur des surfaces très restreintes.

Même s'ils apprécient les céréales, les champs de colza leur procurent un sentiment de sécurité et il est fréquent qu'ils y passent la journée, couchés. Lorsqu'ils sont levés, en train de se nourrir, leurs bois sont parfois visibles de très loin au-dessus de la culture (même en pleine journée).

L'idéal est de repérer un passage très fréquenté et d'attendre à l'affût entre le lieu de remise et le gagnage. Car vu la hauteur que peut atteindre le colza, les possibilités de photographier le cerf dans la culture demeurent limitées.

 

La rencontre avec des grands cerfs en refaits reste aléatoire, même sur des secteurs bien peuplés. Un jour on croisera un animal en train de se nourrir innocemment en pleine journée, puis ensuite il se passera 15 jours sans même apercevoir autre chose que ses traces... On entend souvent dire que le cerf sous velours est un animal des plus difficiles à photographier. Je veux bien le croire et c'est ce caractère aléatoire qui, à mon sens, fait la difficulté de ce sujet. Difficultés encore plus grandes pendant la fraye au mois de juillet: les cerfs sont carrément invisibles à tel point qu'on se demande où ils ont bien pu se volatiliser!

A partir de la mi-août, ils se montrent de nouveau et, à cause des prémices du rut, se laissent observer plus facilement. Les jeunes "testent" leurs bois lors de joutes et simulacres de combats. Les plus vieux trahissent leur présence en frottant nerveusement leurs bois aux arbustes, ce qui s'entend parfois d'assez loin.

 

Pour les biches, de mai à juin, se déroulent les mises-bas. L'heureux photographe qui découvre un faon tapi dans les herbes devra s'abstenir de trop s'en approcher, sous peine de quoi sa mère risque de l'abandonner. Une biche avec son jeune faon évolue sur une surface très restreinte, une opportunité intéressante pour un affût.

 

Un autre bon procédé pendant la belle saison consiste à se mettre à l'affût près d'un point d'eau. Comme le sanglier, cerfs et biches se souillent régulièrement et ont besoin de s'abreuver.

 

  • Les suivis de cerfs mâles

La photographie du cerf est particulièrement intéressante dans le sens où elle permet  d'identifier des individus afin de tenter de les suivre au fil des années. Je précise bien "tenter". Car en nature il est difficile d'effectuer de tels suivis sur le long terme, à cause de la pression de chasse qui ne permet guère aux cerfs de vieillir. De plus le domaine vital du cerf mâle est particulièrement vaste et la chasse déplace sans cesse les animaux... Mais retrouver un animal connu, et voir qu'il a réussi à passer au travers des embûches est toujours un vrai plaisir.

Ces suivis sont très riches d'enseignement. On apprend à connaître la vie des animaux et la manière dont ils occupent le territoire. Couplée à la recherche des mues, la pratique de la photo permet de réaliser un travail formidable.

 

Reconnaître un cerf adulte n'est guère compliqué. Même si les bois peuvent d'une année sur l'autre  gagner en longueur ou en masse leur physionomie restera la même. De plus, certains cerfs possèdent des caractéristiques qui permettent de les reconnaître immédiatement: déchirures aux oreilles, cicatrices, couleur des yeux etc...

 

  • La recherche des mues

 

Dès la fin février les cerfs jettent leurs têtes. Les bois tombés au sol sont appelés mues.

Il me paraît difficile en tant que passionné de cerf de ne pas écrire quelques lignes sur la recherche, si passionnante, des mues. Peu de gens arrivent à comprendre que l'on puisse passer autant de temps, faire autant de kilomètres de marche, dans l'espoir de ramasser quelques bois. Et pourtant chaque trouvaille est source d'émotions, surtout quand il s'agit de cerfs connus!

Car la recherche des mues n'a, à mon sens, d'intérêt que si elle est couplée à la photo et si l'on cherche les bois de cerfs que l'on connaît. La recherche des mues doit s'inscrire dans une logique de suivi sur le long terme ou du moins de "tentative" de suivi (car dans nos massifs ça n'est pas chose facile). C'est pourquoi aussi il est intéressant de communiquer avec d'autres passionnés afin de partager les trouvailles. Mais pour les chercheurs la discrétion est de mise.

 

La recherche des mues ne doit pas être pratiquée n'importe comment. Il est toujours possible de ramasser un bois grâce au hasard mais dans bien des secteurs c'est la connaissance du territoire et des habitudes des cerfs qui est payante. En hiver, des repérages doivent être effectués, sans toutefois risquer de décantonner les animaux. Quelques empreintes suffisent souvent à localiser des cerfs. Les mues doivent être recherchées sur les gagnages, où les animaux passent une partie de la nuit à se nourrir, et en bordure de ces gagnages. Fouiller dans les remises occasionne trop de dérangement.

 

La concurrence est rude. Hormis dans certaines forêts privées, gardées, où la recherche tient d'avantage à la promenade de santé, la recherche des mues reste une activité ingrate. Compléter des paires est très aléatoire. Avec le dérangement et les abus de certains, qui commencent à retourner les bois dès début février, les cerfs se déplacent sans cesse. Le passionné doit rester persévérant. S'il connaît son territoire, sa patience finira par payer.

 

  • Indices de présence

 

- Les empreintes: 8 à 9 cm de long pour 6 à 7 cm de large pour un mâle/ 6 ou 7 cm de long et 4 ou 5 de large pour une biche. Une étude approfondie des empreintes peut permettre d'estimer, avec prudence, la classe d'âge de l'animal. Les veneurs en ont fair un véritable art.

- Les fumées: crottes de forme cylindrique avec extrémités en pointe, mesurant 20 à 25 mm de long. Les fumées de cerfs mâles sont plus grosses que celles des femelles.

- Les frottis: troncs ou branches (surtout d'essences à bois tendres et de résineux) lacérés par les bois des cerfs mâles pendant le rut et durant la fraye.

- Les écorçages: En hiver, période de disette, les cervidés détachent de grandes lanières d'écorce pour se nourrir. Le bois se trouve donc mis à nu.

- La souille: comme le sanglier le cerf aime prendre des bains de boue. Sauf qu'à la différence de celui-ci, il s'ébroue quand il en sort, d'où de nombreuses gouttes de boue déposées un peu partout. L'odeur très forte émise par les mâles pendant le brame (dûe à une glande située sous la queue) est caractéristique.

 

 

En été, les affûts au bord de l'eau offrent de bonnes opportunités. Les animaux peuvent s'y rendre en pleine journée.
En été, les affûts au bord de l'eau offrent de bonnes opportunités. Les animaux peuvent s'y rendre en pleine journée.
Frottis de cerf durant la fraye, au mois de juillet
Frottis de cerf durant la fraye, au mois de juillet
Fumées de cerf en période hivernale
Fumées de cerf en période hivernale
Jeune cerf dans une culture de blé.
Jeune cerf dans une culture de blé.

2) Photographier le Chevreuil

 

On photographie souvent le chevreuil au hasard des sorties, sans vraiment s'intéresser spécifiquement à cet animal. Il est vrai que lorsqu'on photographie le cerf on arrive toujours à avoir des occasions sur quelques chevreuils.

 

  • Le rut estival

 

La meilleure période pour s'intéresser au chevreuil est le rut, qui se déroule en juillet-août. Les mâles, surveillant  leur territoire, se déplacent tout au long de la journée, chassant un intrus par-ci, coursant une chevrette par-là... Certains individus deviennent alors peu méfiants, voire curieux et n'hésitent pas à se rapprocher du photographe pour l'identifier.

Pour aller à la rencontre du chevreuil je préfère la billebaude. Cet animal n'a pas en effet de zone de gagnage comme le cerf mais il se nourrit au gré de ses déplacements au cours de la journée. L'idéal est d'évoluer, doucement, le long d'un sentier propre longeant bosquets, haies et zones cultivées et de s'improviser un affût une fois que l'on a repéré un animal. Il faut prendre le temps de bien jumeler autour de soi car souvent seules les oreilles ou les bois dépassent de la végétation. Parfois ce sont les aboiements émis par les brocards lorsqu'ils veulent chasser un autre mâle qui trahissent leur présence.


Sortir à cette époque de l'année est particulièrement agréable et en billebaude on ne sait jamais sur quelle espèce on peut tomber; renard, blaireau, sanglier...

 

  • L'hiver

En hiver, les brocards sont en refaits. Les ardeurs des mâles se sont apaisées et les chevreuils vivent de nouveau en hardes mixtes. A condition de trouver un spot peu chassé, il est possible de faire de bonnes sorties, en lisière des bois. Les belles journées ensoleillées, il n'est pas rare qu'ils profitent des rayons du soleil en plein découvert. La billebaude devient plus aléatoire à cause de la végétation plus clairsemée, l'affût est préférable une fois que l'on a bien repéré les habitudes des animaux.

Dès le mois de mars les mâles frayent et à mesure que le printemps s'installe, commencent à retrouver leur humeur territoriale. C'est aussi à cette époque qu'on dit que les chevreuils sont saouls, ce qui n'est pas une légende! Les bourgeons qu'ils consomment en grande quantité à cette époque les rendent moins méfiants voire carrément béats. On peut avoir facilement de grosses proximités.

 

  • Indices de présence:

 

- Les empreintes: très petites, mesurant environ 4 cm de long pour 3 cm de large

- Les moquettes: crottes longues de 10 à 15 mm, agglomérées ou détachées selon la saison et le milieu.

- Les frottis: Arbrisseaux lacérés lorsque les brocards frayent leurs bois et marquent leur territoire pendant le rut. Parfois ils mettent la terre à nu avec leurs sabots: ce sont les régalis.

- Les couches: cuvettes, mises à nu où les animaux se reposent.

Chevrette prenant un bain de soleil durant une froide matinée de janvier. Son jeune est derrière elle
Chevrette prenant un bain de soleil durant une froide matinée de janvier. Son jeune est derrière elle

3) Photographier le sanglier

 

Lorsque je dis que le sanglier est un bel animal cela fait toujours sourire!

 

Non, le sanglier n'est pas qu'un "porc sauvage": c'est un animal magnifique de par sa rudesse et son comportement si particulier, qui en fait sur des secteurs où il est pourtant abondant, un fantôme. Peu de photographes s'intéressent à cet animal. Il est vrai, de par ses moeurs nocturnes, qu'il constitue un sujet difficile.

 

De plus, il évolue dans un milieu souvent très fermé où on ne réussit bien souvent qu'à l'apercevoir et à l'entendre.

  • En été, près des cultures

On peut réussir des photos de sanglier au hasard d'une sortie cervidés en été, époque à laquelle les compagnies peuvent s'activer assez tôt dans la journée. Les cultures leur offrent une nourriture abondante et de la protection. Tout le monde connaît leur préférence pour les céréales en lait. Les cerfs et les sangliers ne consomment pas les blés de la même façon. Les cerfs coupent nets les épis tandis que le sanglier les égrène en plus de coucher les céréales sur des surfaces parfois considérables.  Ils s'attaquent peu au colza mais ils apprécient cette culture pour le couvert qu'elle leur offre.

Lors des grosses chaleurs, un affût bien placé près d'une souille peut offrir de belles opportunités. Le sanglier vient très souvent à l'eau, parfois en pleine journée, pour réguler sa température corporelle.

  • Au point de nourrissage

Pour faire spécifiquement du sanglier, l'idéal est de se poster près d'un point d'agrainage. Pour des raisons parfois discutables, les chasseurs distribuent à un endroit de la nourriture aux sangliers, qui prennent très vite l'habitude de venir visiter les lieux à heure fixe. Pour le photographe il serait dommage de ne pas en profiter! Le cadre autour d'un point d'agrainage n'est en principe pas très heureux. Le passage répété des animaux a causé la disparition de la végétation. Le mieux est d'attendre sur une trouée située sur le passage des animaux, à proximité de l'agrainage. Le cadre est ainsi plus naturel. Le sanglier n'est pas très haut au garrot donc pour ne pas avoir des photos gâchées par les herbes et les fougères, autant couper (avec modération!) un peu de végétation au sol.

 

Petit conseil: les sangliers se déplacent en file indienne, laie meneuse en tête. Vigilante, expérimentée, celle-ci se déplace discrètement et tout bruit anormal lui fera donner l'alerte, sous forme d'un ronflement étouffé vloufff. Il faut donc éviter de déclencher lorsqu'elle se présente mais la laisser en confiance pour pouvoir profiter du reste de la compagnie.

Observer une compagnie en activité est très intéressant. Avec le sanglier on ne s'ennuie jamais! Les jeunes sont toujours en train de se chamailler, rappelés à l'ordre de temps à autre par les laies. Si une autre compagnie se présente, le conflit est inévitable. Les laies grognent et se chassent jusqu'à ce qu'une compagnie fasse profil bas et s'éloigne.

  • Le rut

Le rut originel du sanglier a lieu en plein hiver, avec un pic d'activité au mois de décembre.

Peu de personnes s'intéressent au rut du sanglier qui est pourtant un moment fort.

A cette époque les solitaires, d'ordinaire si discrets, se rapprochent des laies et se mêlent aux compagnies. Ils ne supportent pas la présence d'autres mâles autour d'eux, d'où de fréquents combats qui peuvent être particulièrement acharnés et bruyants, durant lesquels chaque protagoniste cherche à déséquilibrer, crinière hérissée, son adversaire.

 La laie meneuse est la première à entrer en chaleur et sécrète, notamment par ses urines, de nombreux œstrogènes qui accaparent toute l'attention des mâles. Ceux-ci affirment leur présence aux concurrents en déposant de l'"écume" blanchâtre sur les baliveaux. Rapidement les autres femelles de la compagnie entreront en oestrus.

 

Se trouver au milieu d'une compagnie de sangliers, avec un ou deux grands mâles débordant d'activité promet de beaux instants d'observation.

 

  • Un animal inoffensif

Je terminerai en disant que le sanglier n'est pas un animal dangereux. Beaucoup de gens en ont peur alors qu'il craint véritablement l'Homme.

En action de chasse, il est vrai qu'acculé ou blessé il peut défendre sa vie avec acharnement, chargeant hommes et chiens.

 

Promeneurs et photographes n'ont rien à craindre du sanglier. Ils ignorent d'ailleurs qu'au cours de leurs pérégrinations ils sont souvent passés à côté d'une compagnie cachée dans la végétation.

 

J'ai déjà vu sur un forum le récit d'un photographe expliquant qu'il s'est trouvé coincé par des sangliers trop proches de lui, l'obligeant à se lever et à claquer des mains. Causer volontairement leur fuite pour les effrayer est un dérangement indigne d'un photographe animalier.

  • Indices de présence

- Les empreintes: très caractéristiques, de 6 à 7 cm de large avec deux onglons bien visibles

- Les laissées: cylindriques, de 4 à 6 cm de diamètre

- La souille: mare boueuse où les sangliers viennent régulièrement se rouler.

- Les houzures: troncs auxquels les sangliers se frottent après la souille. L'écorce finit par disparaître. Les mâles y laissent souvent des traces de coups de défense.

- La bauge: la reposée où le sanglier se couche la journée, à l'abri du vent dans la végétation.

- Le chaudron: nid d'herbes et de fougères (voire de colza) formé par la laie pour la mise-bas.

- Les boutis: Le boutoir est le groin du sanglier. Les boutis sont les trous creusés par les sangliers lorsqu'ils cherchent les vers. On en voit fréquemment dans les prairies et sur le bord des chemins.

Sanglier baugé. Ils tapissent souvent leurs bauges avec des herbes hautes ou des fougères coupées
Sanglier baugé. Ils tapissent souvent leurs bauges avec des herbes hautes ou des fougères coupées
Ecume déposée sur un jeune chêne par un mâle durant le rut
Ecume déposée sur un jeune chêne par un mâle durant le rut